Pascal Levy / Panthéon-Sorbonne
Entretien

Rencontre avec María Paula, étudiante internationale en échange

María Paula a quitté l’Universidad del Rosario pour l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne le temps d'un semestre en programme d'échange. En Colombie, elle étudie le droit et les mathématiques en 3e année de « pregrado » (licence). À Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle a choisi de suivre l’intégralité de ses enseignements à l’École de Droit de la Sorbonne. Elle revient sur son expérience et nous livre ses impressions à quelques jours de la fin des cours.

Pourquoi avez-vous choisi d’étudier à Paris 1 Panthéon-Sorbonne ?

En consultant la liste des accords bilatéraux de mon université d'origine pour connaître les opportunités de mobilité à l’étranger, je suis tombée sur l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. J’ai effectué des recherches et je me suis rendu compte que l’École de Droit de la Sorbonne était très bien représentée dans les classements internationaux, figurant parmi les meilleures facultés de droit au monde. J’avais également envisagé l’université de Bologne en Italie, mais mes connaissances en italien ne me permettaient pas d’aller y étudier. Choisir l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne était en revanche l’occasion idéale d’améliorer mon niveau de français. C’est une langue qui m’intéresse pour deux raisons : sa proximité avec l’espagnol et parce que beaucoup de textes juridiques que j'étudie sont d’origine française. Un ami colombien qui avait étudié l’année dernière à Paris 1 Panthéon-Sorbonne dans le cadre d’un double diplôme m’avait aussi fortement encouragée à choisir cette université, tant pour ses enseignements que pour la qualité de vie à Paris. Enfin, étant originaire de Bogota, la capitale colombienne, je souhaitais rester dans une grande ville.

Comment s’est déroulée votre arrivée à Paris et à l’université ?

Il s’agissait de ma première fois en France et même en Europe. Mon université m’avait bien préparée au coût de la vie à Paris. Je suis arrivée une dizaine de jours avant le début de mes cours pour trouver un logement car la recherche à distance était très difficile. Une fois sur place, c’est resté très compliqué mais j’ai finalement eu la chance d’obtenir un logement dans une résidence du Crous grâce à la direction des Relations internationales et j’en suis très contente.

J’ai assisté aux évènements d’accueil organisés dans le cadre des Welcome Days. La réunion d’information de janvier en Sorbonne était essentielle pour découvrir tous les services de l’université mais aussi pour rencontrer les personnes en charge des étudiants internationaux qui allaient devenir mes interlocuteurs ici. Être accueillie dans le bâtiment de la Sorbonne était à la fois quelque chose d’impressionnant et de familier. Puisque l’Universidad del Rosario a été fondée en 1653, elle a en commun avec l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne un héritage ancien, avec des bâtiments et des lieux d’enseignement marqués d’histoire. Dès mon arrivée, j’ai également suivi des cours de méthodologie juridique et d’introduction au droit français et de français langue étrangère (FLE). Cela m’a permis de me faire très rapidement des amis, principalement européens. Le cocktail d’accueil à la Barge du Crous de Paris m’a aidé à faire connaissance avec plein d’autres étudiants internationaux, notamment en droit, avant le début des enseignements. Si la majorité de mes amis sont des étudiants internationaux (du Brésil, de Chine, de Norvège ou encore de République tchèque), avec qui nous échangeons sur nos cultures et nos expériences respectives en anglais, j’ai aussi pu sympathiser avec des Français grâce à une étudiante de l'université qui est venue faire connaissance avec moi lors d’un cours en amphithéâtre.

Parlez-nous de vos études à Paris 1 Panthéon-Sorbonne

J’ai observé plusieurs différences entre les systèmes d’enseignement supérieur colombien et français. En Colombie, étant donné qu’il n’y a jamais plus de 40 étudiants par cours, je n’avais jamais eu de cours magistraux en amphithéâtre. Ici, c’était impressionnant pour moi de voir et d’entendre tous les étudiants français sortir leur ordinateur et taper sur leur clavier pour prendre des notes en amphithéâtre. Les groupes étant plus réduits en Colombie, il y a des devoirs et des lectures à faire entre chaque cours et donc beaucoup plus d’interactions entre les étudiants et les professeurs. L’année universitaire là-bas compte aussi deux semestres mais chacun est divisé en trois parties (« corte »), avec des partiels à la fin de chaque « corte ». Il n’y a donc pas d’examen final et les semestres sont plus longs. J’ai aussi été surprise par l’emploi du temps ici, puisque les cours démarrent beaucoup plus tard qu’en Colombie, où nous commençons généralement à 7h00.

Tous mes enseignements se sont déroulés au centre Panthéon, à l’exception de ceux de FLE que j’ai suivis au centre Pierre-Mendès-France. Au cours du semestre, j’ai pu prendre les cours suivants : droit international privé, droit international pénal et humanitaire, common law, arbitrage et MARD, droit des technologies de l’information et propriété littéraire et artistique. Ce dernier est celui que j’ai préféré puisqu’il m’a permis de visiter le siège de la CNIL. J’ai été très satisfaite des ressources mises à notre disposition par l’université pour étudier et j’ai particulièrement aimé la bibliothèque Cujas, qui est très silencieuse. En dehors de mes enseignements, j’ai également eu l’opportunité d’assister à deux conférences, la première avec un juge français qui avait participé à l'affaire du différend territorial et maritime entre le Nicaragua et la Colombie et la deuxième avec un professeur colombien. Ce dernier colloque et mes échanges avec le professeur qui avait lui aussi étudié à Paris 1 Panthéon-Sorbonne font partie de mes meilleurs souvenirs à l’université. Plus globalement, ces deux conférences m’ont permis d’avoir d’autres perspectives et points de vue en langue française sur mon pays.

Qu’avez-vous pensé de la vie à Paris ?

En Colombie, nous n’avons pas vraiment de saisons puisque la température est la même toute l’année. Je suis arrivée à Paris en plein hiver et j’ai été surprise de constater que tous les étudiants enlevaient leur manteau en cours sauf moi ! Globalement, je trouve les gens très sympathiques, polis et je me sens très en sécurité à Paris. Je suis impressionnée par le nombre de conférences publiques organisées et par la facilité avec laquelle il est possible de visiter des institutions politiques en France. Les parcs et notamment les jardins du Luxembourg et du Palais Royal font partie de mes endroits préférés à Paris. J’ai profité de ma mobilité en France pour voyager à Londres et à Rome. Cela m’a permis de comparer Paris avec deux autres capitales européennes et de me conforter dans l'idée que j'avais fait le meilleur choix en venant étudier à Paris !

Que vous a apporté cette mobilité et quels sont vos projets pour la suite ?

Cette expérience est encore plus positive que ce que j’avais imaginé. Venir étudier en France m’a rendu service aussi bien sur le plan académique que sur le plan personnel. Je suis quelqu'un de calme et réservé, mais ici, je fais plein de choses, je sors souvent et j’ai développé ma capacité à communiquer avec les autres. Le décalage horaire avec la Colombie m’a poussée à m’ouvrir aux autres puisque je ne pouvais pas échanger avec mes proches facilement. Grâce aux professeurs, j’ai appris plein de nouvelles notions en droit et j’ai pu progresser en français, surtout à l’oral. Je sais déjà que mon expérience à l’étranger aura une grande valeur ajoutée sur mon CV. J’envisage de revenir à Paris dans le cadre d’un double diplôme ou en stage, peut-être à l’ambassade de Colombie en France. À plus long terme, j’aimerais ouvrir mon propre cabinet d’avocats spécialisé en droit du numérique, soit à Bogota, soit en Europe. La France pourrait être une bonne option en termes d’opportunités professionnelles et de qualité de vie.

Quels conseils donneriez-vous à d'autres étudiants internationaux qui envisagent de venir à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ?

Simplement : venez ! Même si vous pensez partir seul(e), vous rencontrerez plein de personnes disponibles pour vous aider. Faites vos valises consciencieusement et pensez à emporter autre chose que des vêtements et des cahiers. Prenez avec vous des choses qui vous feront vous sentir bien ici. J’avais par exemple apporté du café 100% colombien. Sur le plan pédagogique, entraînez-vous à écouter du français pour la prise de notes car les professeurs parlent parfois très vite. D’ailleurs, une fois sur place, n’ayez pas peur de demander de l’aide, soit aux professeurs, soit aux étudiants français, lorsqu’il y a quelque chose que vous ne comprenez pas.